Eden, Mahad : Opération Hide [PV]

MÄad était allé au bout de ses forces. Il n'avait presque plus d'énergie, -rien. Il avait porté Eden -de force sur plus d'une centaines de kilomètre pendant un temps qui lui avait paru infini. Il n'avait pas usé de sa magie, de peur de ne pas réussir à la maîtriser. Après la foule d'émotion négative qu'il avait ressenti, il ne se sentait plus très stable. Et user des forces obscures aurait risqué de déclencher une catastrophe voir plusieurs dans l'état où il se trouvait. Encore un niveau au dessus dans la grande échelle de la souffrance, se trouvait Eden Raven, la jeune guérisseuse de Phantom Lord. La jeune fille qu'il portait sur son dos.
Mahad avait marché, presque couru jusqu'ici. C'était le lieu le mieux protégé qu'il connaisse. L'argentum. Il s'était glissé dans la cave, Eden toujours sur son dos, car il connaissait la structure du batîmenet sur le bout des doigts et savais que cette zone était la plus solide et indétectable.

Eden n’était pas du genre à pleurer facilement. Mais des larmes de rage, de douleur, d’épuisement, et d’angoisse aussi, coulaient sur ses joues sans qu’elle puisse les retenir. Avant que Mahad ne la jette de force sur son dos, la dernière vision fugitive qu’elle avait eue était Luffy en larmes, étalé à plat ventre sur le sol, suppliant Mahad de la sauver. Elle ne s’inquiétait pas vraiment pour Lui. Il était fort, et elle lui faisait confiance ; il s’en tirerait. En ce moment même, il était sans doute en train de se goinfrer quelque part. En revanche, elle s’inquiétait pour autre chose. Maintenant que Luffy l’avait défiée, nul doute que Dante chercherait à l’atteindre par tous les moyens. Elle ne serait pas surprise de découvrir, à son retour à la guilde, la tête du pirate et de son équipage mise à pris. A cause d’elle, Luffy était en danger.

Pendant plus de la moitié du trajet, Eden s’efforça vainement de se délivrer de l’étreinte implacable de Mahad, se débattant du mieux qu’elle pouvait. Elle devait retourner auprès de Dante, tenter de la raisonner, et s’assurer que Luffy allait bien. Mais autant essayer de déplacer une montagne. A bout de force, Eden finit par s’affaler contre le dos musclé du jeune homme, bercée par le mouvement de ses grandes enjambées.

Au bout d’un très, très long moment, elle sentit Mahad s’arrêter et ouvrit les yeux. Ils se trouvaient dans une vaste pièce extrêmement sombre, qui ressemblait à une cave. Eden essaya de se redresser, ce qui lui arracha une grimace de douleur. Elle était dans un état pitoyable. Ses cheveux détachés étaient ébouriffés, sa chemise déchirée et imbibée de rouge. Elle avait perdu énormément de sang et se sentait plus faible, plus vulnérable que jamais. Elle n’avait même plus assez de force pour se cramponner à Mahad et s’il ne l’avait pas tenue, elle serait sûrement tombée.

Mahad avait finement choisit son coin. Malgré tout, au lieu de se détendre il restait crispé, pensif. C’était un endroit très sûr, et il en connaissait par cœur chaque recoin, concavités et imperfections ; après tout n’y avait-il pas passé plus d’un an enfermé sans voir la lumière du jour ? Il sentit le duvet de son dos se hérisser à cette pensée.

« - Dépose moi, s’il te plait. »

Il balaya la peine-ombre des yeux, pas inquiet pour un sou. Quand il eu terminé de faire l’état des lieux, il consentit à obéir, et déposa délicatement Eden contre le mur. Le sol était sale, fait de pierres polies, froides et dures. Il faudrait songer à trouver de quoi recouvrir le pavé, ne serais-ce que le temps de soigner leurs blessures.

« - Pas très engageant tout ça…fit-il plus pour lui-même que pour Eden. Mais tu verras, on s’y fait rapidement… »

Le silence ne lui inspirait rien de bon. Il préférait le meubler en paroles inutiles au risque de passer pour un idiot plutôt que de rester sur là, à attendre que l’un d’entre eux engagent la conversation. Il s’étira, fit craquer ses chevilles, ses doigts, sa nuque, et pour finir sa colonne vertébrale, puis partit en exploration sans plus d’explication. La cave sentait un peu le renfermé et la poussière. Elle ne devait pas être visitée plus d’une fois tous les cinq ans. Il tâtonna à l’aveuglette sur une trentaine de mètres, manquant plusieurs fois de trébucher avant de mettre la main sur ce qu’il cherchait. Et ce n’était manifestement pas du haut de gamme. C’était un épais drap de laine rêche, qui piquait et n’était pas franchement confortable, mais il ferait l’affaire. Mahad revint sur ses pas. Il s’approcha d’Eden, déplia l’affreux drap à côté d’elle et s’agenouilla. Il la jaugea du regard quelques secondes. Elle était jeune, avait une magnifique chevelure aile de corbeau…et était maculée de sang. Le coup de Dante avait laisse un vilain trou quelque part dans la région entre son ventre et sa poitrine. Elle avait dû perdre beaucoup de sang. Elle avait grand besoin d’être soignée. Alors, avec ses grosses mains calleuses et maladroites, il fit passer le gros sac en bandoulière par-dessus sa tête, le plus doucement possible et le posa à côté d’elle dans un bruit sourd. Il ne savait pas ce qu’il y avait là dedans, et sa curiosité mourrait d’envie de la savoir, mais il n’osa pas regarder. Mahad n’avait pas mauvais fond. C’était simplement sa condition qui lui faisait faire de mauvaises choses. Pour s’occuper les mains et l’esprit, il s’appliqua à déplacer Eden sur le drap sans avoir à la soulever -une fois de plus sans demander son avis à l’intéressée-. Quand il eut finit, il se laissa tomber à côté d’elle et glissa sur le sol, de tout son long, une joue écrasée contre la pierre glacée, les yeux fermés. Voilà des années qu’il n’avait pas livré combat contre Dante, ou même contre Merle. Il savait qu’elle n’avait pas délivré toute sa puissance dans cette bataille. Pour couronner le tout, il n’avait plus la cape, et cela l’embêtait beaucoup.

« -Comment vais-je bien pouvoir te soigner…marmonna t-il »

Eden laissa Mahad la déplacer sans broncher, se sentant d’ailleurs trop faible pour protester, et soutint le regard de ses yeux noirs lorsqu’il la dévisagea. Ses prunelles couleur ambre n’exprimaient aucune hostilité, plutôt une sorte de curiosité enfantine et de méfiance, un peu comme un animal sauvage.

La mage plissa les yeux, visiblement agacée. Elle ne comprenait pas pourquoi un parfait inconnu s’entêtait à vouloir l’aider, alors qu’elle était à la solde de son ennemie et lui avait repris la cape en fourrure de Dante.

Eden fit un effort pour se redresser. Il n’y avait plus de bandage dans son sac, le dernier ayant été utilisé lors d’une mission pour la guilde, la veille. Elle déboutonna alors sa chemise qu’elle déchira en lambeaux pour se confectionner un bandage de fortune. Au-dessous, elle portait uniquement un soutien-gorge simple, de couleur noire. Eden n’était pas spécialement pudique. Ça ne la gênait pas de se retrouver en sous-vêtements, et elle n’avait de toute façon pas d’autre choix. Elle enroula avec dextérité les bandes de coton autour de son ventre pour arrêter l’hémorragie, indifférente à la douleur. Lorsqu’elle se laissa retomber contre le mur, elle sentit quelque chose frôler sa main et baissa les yeux. Le chapeau de paille de Luffy était tombé quand Mahad l’avait déposée à terre. Sans un mot, elle l’épousseta avant de le reposer sur sa tête, puis se pelotonna sur la couverture rêche à la manière d’un chat. Ses yeux commençaient à s’habituer à la pénombre. Elle posa les yeux sur Mahad.

« Ne te donne pas cette peine. Je peux m’en occuper seule. »
Mahad ne prêta aucune attention à l’agacement manifeste de la guérisseuse. Il n’attendait pas de sa part le moindre geste de gratitude ou de compassion. C’était logique quand on y réfléchissait. L’homme avait une vision plutôt réductrice du monde qui l’entourait. Pour lui un enfant était sauvage, une femme sournoise et un homme idiot. Il était beaucoup plus aisé de tuer quand on se représentait les choses sous cet angle.
Il regarda distraitement Eden déchirer sa chemise avec application. La désinvolture que donne l’habitude se lisait très nettement sur son visage, ça ne lui faisait pas grand effet de voir la jeune femme se déshabiller sous ses yeux…

« C’est bien toi qu’on appelle le Tarodeur ? Où sommes nous ? »

Oui, Mahad savait où ils étaient. Oui, il était celui que l'on appelle le Tarodeur. Mais il était hors de question de répondre. Il avait un plan, un plan qui était en bonne marche et qu’il ne souhaité pas gâché avant d’avoir atteint son but. Il avait emmené Eden ici contre son gré pour une raison bien précise. Et à cette pensée il ricana silencieusement et ôta à son tour son manteau et ses gants. Il n’avait pas de trousse de secours. A Eisen Wald, on revient victorieux ou on ne reviens pas.

Eden sourit intérieurement en comprenant que l’homme n’avait pas l’intention de répondre à ses questions. Il était inutile d’insister. Elle avait entendu parler de lui par les mages de Phantom Lord. La guérisseuse ne participait jamais aux conversations de ses camardes de guilde, mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre certaines rumeurs à chacune de ses visites. Le mystérieux pseudonyme de « Tarodeur d’Oshiban » revenait sans cesse ces derniers jour. Ils le murmuraient à voix basse, les têtes penchées l’une vers l’autre, jetant des regards craintifs autour d’eux, comme s’il s’agissait d’un sujet tabou. Eden avait deviné son identité en le voyant se servir de ses cartes magiques pour fendre le cercle de feu de Dante. Ce type était censé être un assassin. Il ne l’aurait pas sauvée si ce n’était pour une raison personnelle. Elle n’était qu’un pion dans sa machination.

Pourtant, appuyé avec désinvolture contre le mur, à côté d’elle, l’inconnu n’avait pas une attitude menaçante. Eden le dévisagea un long moment, s’attardant sur les grandes mains calleuses qui l’avaient portée, les muscles puissants qui saillaient de ses bras, témoins d’un entraînement intensif, et le sang séché qui barbouillait toujours son visage.

Puis elle regarda autour d’elle, mémorisant chaque détail de ce qui ressemblait à une cave d’immeuble. Les murs de pierre suintaient d’humidité et l’air était tavelé de poussière. Un vague sentiment de claustrophobie s’insinua sournoisement en elle. Elle avait envie d’échapper à l’atmosphère confinée de cet endroit, mais la seule issue possible était la lourde porte par laquelle ils étaient entrés, et elle était assez réaliste pour deviner que son gardien ne la laisserait pas prendre la poudre d’escampette aussi facilement. En outre, elle se sentait épuisée, vidée, et sa blessure l’élançait terriblement. La mage se cala aussi confortablement que possible sur la couverture usée et râpeuse, les genoux ramenés contre la poitrine, et ferma les yeux.

[H-J : Très jolie dollz. (:]

Mahad était fatigué, sans doute pas autant qu’Eden, mais très fatigué quand même. Il avait eu une rude journée à l’instar de la jeune femme, et il mourrait d’envie de se laisser glisser au sol, et de s’endormir, là, à même la pierre froide et dure. Mais il lui serait impossible de dormir profondément tant qu’il ne se serait pas ôté d’un doute. Il tira lentement son jeu de carte de la poche où il était entreposé et les étala à ses pieds, près à les tirer. Il jeta un coup d’œil à Eden qui paraissait endormie et d’un geste vif les déplia en éventail. Au contact de ses doigts elles se mirent à rougeoyer étrangement, d’un bel éclat rubis qui lui réchauffa le cœur l’espace de quelques instants.
- Ita hic cuando erat.
Et l’espace d’un instant les longues cartes, blanches comme des lames de rasoir semblèrent frémir, comme si elles étaient trop heureuses de répondre à l’appel de leur maître. Les yeux de Mahad devinrent vagues, si vagues… Un peu comme si il avait les pieds dans deux dimensions à la fois. Il était ici, mais il était ailleurs également.

Une faible lueur rouge transperça ses paupières closes, comme on entrevoit les premiers rayons du soleil le matin. Tout son corps était étrangement lourd et engourdi, la fièvre faisait briller ses yeux et rougir ses joues. Des mèches de cheveux, collés par la sueur et la poussière, tombaient devant ses yeux. Sans doute s’était-elle assoupie quelques instants.

Lorsqu’Eden ouvrit les yeux, Mahad était penché au-dessus d’un jeu de tarot étalé sur le sol poussiéreux. Un halo de lumière rouge entourait ses mains tandis qu’il manipulait les cartes avec une telle dextérité qu’Eden avait du mal à suivre ses doigts. Les mouvements de ses mains avaient quelque chose de fascinant. Que faisait-il ? La jeune femme l’observa attentivement, n’osant pas l’interrompre. Elle restait immobile pour ne pas rouvrir sa blessure, mais sa respiration était rapide et son coeur cognait dans sa poitrine.

Le paysage redevint net, lentement, très lentement. Les contours des choses se précisèrent, cessèrent de trembloter pour devenir claire, précise. Il poussa un léger soupir. Rien de plus aujourd'hui non plus. Ils ne courraient pas franchement de danger, si ce n'était les habituelles mises en gardes sur "la dame rouge" et "la dame noire", mais Mahad était incapable de deviner la signification de ces deux énigmes. Pourtant, un petit mot lui revenait sans cesse en tête ces temps dernier. Pas de quoi le bouleverser, mais c'était tout de même agacent.

Nancy, Nancy Blackthorn.

Il était songeur, mais un bruit de respiration rauque le tira brusquement de sa rêverie, ses yeux noirs d'encres glissèrent vers Eden, le long de sa silhouette allongée, pour se poser sur son visage. Ses paupières bougeaient. Elle était éveillée. Il eu une décharge d'adrénaline, et d'un coup de patte ramassa ses cartes, les cachant à la vue de la jeune femme.

"- Je sais que tu ne dors pas ! " fit-il d'une voie plus dure qu'il ne l'aurait voulue, et qui était propice à déclencher un conflit imminent. Il se leva brusquement, et d'un geste vif, envoya valdinguer du pied une vieille conserve en métal qui se trouvait là.

Eden eu l’impression de surprendre quelque chose qu’elle n’aurait pas du voir. Mal à l’aise, elle referma les yeux, essayant de se rendormir. Mais elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, même en s’obligeant à rester allongée sans bouger. A cause de sa blessure qui l’élançait et l’empêchait de trouver une position confortable, à cause de la dureté du sol qu’elle sentait à travers la vieille couverture poussiéreuse, à cause également du froid et de l’humidité qui régnait dans la cave, et de sa profonde fatigue.

La voix de Mahad claqua comme un coup de fouet. Par réflexe, elle rouvrit les yeux, juste à temps pour voir le jeu de carte disparaître dans la poche du jeune homme. Il semblait contrarié d’avoir été surprit en train de lire ses cartes. D’une certaine façon, Eden le comprenait. Mais le ton rude et tranchant de sa voix la piqua au vif. Il n’avait pas le droit de lui parler de cette façon. Elle était une aristocrate, nom d’un chien !

Répliqua t-elle, sarcastique. Elle n’avait pas eu l’intention de faire semblant de dormir. Avec une expression neutre, elle regarda Mahad donner un violent coup de pied dans une boîte de conserve. Dans un bruit métallique, celle-ci heurta le mur opposé. Eden lança un regard sombre à Mahad. Le chapeau de Luffy projetait une ombre sur le haut de son visage, le rendant indéchiffrable.

Sa voix n’était qu’un murmure. Eden n’était pas une idiote. Elle connaissait la réputation d’Eisen Wald, elle connaissait la rivalité qui opposait sa guilde et la sienne. Elle avait entendu prononcer le nom de Merle Fischer, là bas, dans ce désert. Dès l’instant où elle avait comprit qui il était, elle s’était douté qu’il se servirait d’elle comme otage.

[H-J : Je te présente mes excuses à l’avance pour ce message miteux. X)]
Il n’existait pas vraiment de mesure de sa dangerosité, pourtant à cette heure il émanait de lui une réelle agressivité, une espèce d’aura maléfique qui aurait poussé quiconque à lui suater à la gorge pour l’étouffer et faire disparaitre toutes traces du malin dans ses yeux. Ses cheveux semblaient prêts à s’enflammer à tout moment, et ses prunelles avaient un éclat un peu dément. Le fait qu’elle eu deviné sans mal toute sa combine ne le surprit pas. Il n’en attendait pas moins venant d’un disciple de Dante, et comme il ne voulait ni mentir, ni avouer qu’elle avait raison, il opta pour les sous-entendus. Il s’assit face à elle, pour la regarder bien en face, comme quand il s’adressait à un homme, ce qui, venant de lui était une sacré marque d’estime. Il planta ses yeux noirs dans ceux d’Eden et parla de cette horrible voix morte qu’il a parfois quand il tente de se contenir. Puisqu’ils en étaient à l’heure des révélations…
« - Je pense que…tu sous-estimes ta qualité d’otage… »
Il eut un petit sourire forcé, typique de celui qui tente de mettre à l’aise sa victime. Ses tremblements continuaient de trahir son énervement, mais il ne se démonta pas pour autant.
« - Crois-tu que…si Loïsh avait été plus à même de m ‘apporter ce que je désire ; je ne l’aurais pas choisie elle ? »
Il marqua une pause pour se redonner de la contenance.
« - Il est évident que dans mon jeu, si Loïsh est le fou, tu demeures le roi. Je suis sûr que tu comprends…que je veuille faire d’une pierre deux coups.
Difficile à comprendre et clair comme de l’eau de roche à la fois. Pourquoi se contenter de faire uniquement chanter Dante quand il pouvait du même coup menacer…

Athénais Raven, ta sœur, articula t-il silencieusement.

Eden ne pu cacher sa surprise. Elle n’avait pourtant parlé à personne de son lien avec Athénais. Soit elle avait sous-estimé la capacité d’enquête d’Esein Wald, soit, ce qui était plus probable, Athénais n’avait pas eu la présence d’esprit de garder secret leur lien de parenté. La jeune femme tiqua.

Qu’elle idiote…

Sa stupéfaction fut aussitôt balayée par un sentiment de colère. Par envers Mahad. Il n’était qu’un chien exécutant les ordres de son maître. Non, plutôt envers elle-même. Eden se redressa, appuyant son dos contre le mur piqueté d’humidité. Elle serra les poing, s’enfonçant les ongles dans la peau. Sous ses doigts, à travers ses bandages, elle sentait les contours irréguliers de sa blessure, la chaleur poisseuse du sang. Toute sa vie, on l’avait formée pour devenir une parfaite mage de Phantom Lord. On lui avait apprit à se vider de tout sentiment envers les autres, qu’ils soient ennemis ou alliés. Elle était censée protéger uniquement son maître. A présent, elle se rendait compte à quel point elle était faible.

Les mots de Dante lui revinrent en mémoire, brûlants.

« Le cœur à ses raisons que la raison ignore, je met ta trahison sur le compte de ta folie. »

Un sourire presque moqueur, singulièrement dépourvu de joie, étira ses lèvres. Ses yeux exprimaient une profonde lassitude.

« Ingénieux. »

C'était le moins qu'on puisse dire en effet. Mahad baissa les yeux, pas par gêne. Il n'éprouvait aucun remord à se servir d'Eden comme moyen de chantage, cela faisait parti de son métier. En réalité, ce qu'il redoutait, c'était un retournement de situation. Il craignait que dans une tentative désespéré elle prenne la fuite, et alors, il le voyait arrivé à des kilomètres, Pixy ne ferait pas de quartier. Un otage loin de son geôlier est un otage mort. Mahad s'était secrètement donné pour mission d'éviter un massacre inutile. Pour rien au monde il ne se le serait avoué. Cela ne correspondait pas à l'image d'Eisen Wald, cela ne correspondait pas à l'image qu'il voulait donner de lui. Il inspira profondément pour évacuer ces pensées négatives, et jeta un coup d'œil à Eden. Elle avait une drôle d'expression, et comme il n'était qu'un homme, il ne pouvait la déchiffrer. Il n'avait jamais rien compris aux femmes de toute façon.

« A quoi penses-tu ? »

Eden voyait les émotions de Mahad se succéder sur son visage. Elle les analysait l’un après l’autre, pour essayer de dresser dans sa tête un portrait du jeune homme qui l’avait sauvée : son air distant et pensif; son sourire un peu crispé, comme s’il essayait de la mettre à l’aise; sa profonde concentration lorsqu’il avait manipulé ses cartes; et finalement cette aura menaçante, presque démoniaque lorsqu’il l’avait surprise en train de l’observer. Il était de la même trempe que Dante. Dangereux. Puis, elle le vit baisser les yeux. Regrettait-il d’avoir kidnappé Eden ? Non. Non, c’était autre chose. Eden n’aurait su dire quoi.

Eden leva lentement les yeux, intriguée. Elle ne s’était pas attendue à cette question de la part de son geôlier. Que cherchait-il à faire ? La mettre en confiance ? Retenir son attention ? Peut-être espérait-il éviter un affrontement si elle décidait de tenter de fuir. Ils étaient tous les deux épuisés, baignés de sang. Le visage d’Eden exprima une sorte d’indulgence amusée.

La jeune femme laissa retomber sa tête contre le mur et referma les yeux, sans se départir de son sourire moqueur.

« Tu as la chance de ne pas partager mes pensées. Tu devrais plutôt en profiter. »

Il leva un sourcil, intrigué. L'espace d'un instant son visage devint beaucoup plus jeune, laissant transparaitre la curiosité du petit garçon qui venait d'être éveillée. Ça l'intéressait. Le mystère, ça lui plaisait, et surtout l'expression d'Eden, sûre d'elle et un brin moqueuse le mettait en état d'alerte. Y avait-il quelque chose à savoir qu'il ne savait déjà pas ?

« J’imagine que je dois rester en vie jusqu’à ce que je joue docilement mon rôle d’otage ? »

Il redevint plus sérieux, et se referma comme une huitre. Il s'était montré faible l'espace d'un court instant, et cela aurait pu lui couter bien plus que de simples blessures si elle avait capté les signaux de sa vulnérabilité.

« C'est...préférable oui. Dante a un truc pour savoir si les membres de sa guildes sont vivants, je ne sais pas quoi, mais à chaque fois...elle...bref, je m'égare. »

Il secoua la tête, c'était fou, ce don qu'elle avait de le faire parler ainsi. Elle ne s'en rendait probablement pas compte.

Si Eden avait soulevé les paupières à cet instant, elle aurait vu l’expression de Mahad changer du tout au tout. Elle aurait vu - pour la première fois et sans doute la dernière - une expression de curiosité presque enfantine éclairer son visage. Une sorte de légèreté touchante, de sensibilité à fleur de peau. Mais tout ça, Eden ne le vit pas.

Depuis toujours, Dante Potemkine exerçait sur les membres de sa guilde pouvoir étrange. Elle provoquait chez quiconque un sentiment de crainte, de respect, de haine ou d’admiration. Luffy - le Luffy qu’elle connaissait, borné, intrépide et téméraire - était resté paralysé en découvrant le visage de Dante. Sa sœur Athénais avait toujours voulu dépasser son ancien maître, devenir plus puissante qu’elle, plus terrifiante encore. Mais si Eden restait insensible au danger que représentait le maître de Phantom, elle-même éprouvait une sorte de fascination pour cette femme froide, cruelle et impitoyable mais qui, à plusieurs reprises, lui avait révélé - volontairement ou accidentellement - un peu de l’ancienne Dante. Depuis ce jour où elle lui avait fait gravir les marches de l’étage supérieur pour en faire une mage de S-quest, la guérisseuse ne cessait de se demander qui était la vraie Dante Pottemkin. Si son jeu de guerrière insensible et sanguinaire n’était pas qu’une manière de cacher sa fragilité derrière une carapace impénétrable. Et surtout…

… si Dante tenait à Eden autant que Mahad l’avait laissé entendre.

Souhaites-tu continuer ce RP ? Personnellement je l'aime bien, mais comme je met beaucoup de temps à répondre et que le contexte spacio-temporel change sur le forum à cause de l'event, je me disais que cela risquait de poser des problèmes...

Deux mois plus tard, Dante refusait toujours de capituler et laissa Eden crever de faim au fond de sa cave. Fin.

XD Nan, même si elle en a pas l'air, elle est pas capable de laisser crever un de ses mages préférés au fond d'une cave.

REPLIQUE COLLECTOR ♥

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